



A une trentaine de kilomètres de Kermânshâh, la montagne de Bisutun est située à côté d'une ancienne route royale achéménide. Dans l'une des ses failles, elle accueille le seul bas-relief isolé et l'inscription la plus longue de l'époque achéménide.
Gravé vers 520, l'ensemble se compose d'une scène figurative sur un registre, entourée de textes en cunéiforme. Le relief commémore la victoire de Darius Ier sur ses ennemis et rivaux lors de sa prise du trône. Les mains liées derrière le dos, les prisonniers en file indienne font face à Darius Ier, qui tient un arc et lève la main droite en direction d'une représentation symbolique du Divin qui domine la scène. Comme la plupart des inscriptions royales des Achéménides, le texte est en trois langues: vieux perse, élamite et akkadien.
Darius Ier y décrit longuement qui i lest: il se proclaim descendant de Achéménès, fondateur d'une lignée de rois. Par volonté du dieu Ahura Mazda, il règne sur 23 pays. Il parle ensuite de l'imposteur (Gaumâta) qui usurpa le trône, en se faisant passer pour le frère assassiné de Cambyse II: seul Darius Ier eut le courage de l'affronter et de le ture, puis il prit le trône et rétablit l'empire. Il raconte longuement comment, par la force et l'aide d'Ahura Mazda, il vient à bout de plusieurs rebellions qui éclatent dans les provinces: il envoie ses armées, châtie les meneurs qui s'étaient proclamés rois, tout cela en une année et 19 batailles. Le roi fut aidé des dieux, car il était juste: il n'opprimait personne, récompensait ceux qui aidaient sa dynastie et punissait ceux qui font le mal. Darius Ier explique qu'il fait graver cette inscription pour que ces faits soient manifestes à tous, et il demande à ce que personne ne la détruise, sous peine de devenir un adversaire de Ahura Mazda. Darius Ier mentionne les six hommes qui l'aidèrent à tuer l'imposteur et à prendre le trône. Pour finir, il raconte les campagnes militaires contre les Elamites et les Scythes, des infidèles qui n'adoraient pas Ahura Mazda.
Dans la tradition populaire, les bas-reliefs furent attribués à Farhâd, l'architecte amoureux de Shirin. Au XIXes., l'inscription de Bisutun fut une étape essentielle dans le déchiffrement du cunéiforme: un lieutenant anglais, Henry Rawlinson,parvint à déchiffrer la version élamite du texte et à ouvrir la compréhension des autres versions.
Le site de Bisutun comprend encore plusieurs témoignages de son importance cultuelle et politique au cours des siècles et même des millénaires, puisque des grottes de la montagne furent occupées à l'ère paléolithique déjà (entre~40000 et ~35000).
En contrebas du relief de Darius Ier, le dieu grec Héraklès (Hercule) fut sculpté en ~148. Il constitue l'unique œuvre datée de fa?on certaine de l'époque séleucide en Iran. Le dieu est représenté nu, étendu sur une peau de lion, tenant une coupe. Une massue est dressée audessus de ses jambs, et son carquois est suspendu à un arbre derrière lui. Une stele porte une inscription grecque.
A proximité, deux relifs ont été gravés à l'époque parthe. l'un montre quatre satrapes rendant hommage à Mithridate II ( ~124-~88): il a été partiellement recouvert par une inscription au XVIIIes. l'autre, du Iers., montre une scène de bataille, qui célèbre la victoire de Méherdate, un roi parthe, sur un rival prétendant au trône. Un autre relief parthe, du Ier-IIes., a été sculpté sur un rocher isolé: on y voit un prince ou un prêtre debout, une coupe à la main, à côté d'un autel et entouré de deux dignitaires.
A l'époque sassanide (IIIe-VIIes.), Bisutun accueillit un jardin royal (un paradeisos), entouré d'un pont, d'un barrage et d'une route. Un palais est resté inachevé (Takht-e Shirin). Dans la falaise, une immense surface fut aplanie à la fin de la période sassanide, en prévision de futurs bas-reliefs que l'invasion arabe ne permit jamais d'exéctuer. De l'époque islamique, il demeure les traces d'une occupation ilkhânide (XIIIe-XIVes.), un ancien caravansérail des premiers siècles de l'lslam, un caravansérail et un pont safavides (1501-1732).