

Abou Hâmed Faridoddin Mohammad Ben Ebrâhim, connu sous le nom de Attâr, compte parmi les plus grands écrivains et philosophes du VIème et du début du VIIème siècle de l’hégire lunaire. Par l’étude de ses écrits, nous pouvons estimer qu’il a vécu entre 540 et 618 de l’hégire (XIIIe siècle). Né à Shâdyakh ou à Kadkan (ces deux villes sont des districts de Neyshâpour, ville qui, en 548, fut détruite et rebaptisée Shâdyakh après sa reconstruction, d’après le nom d’un quartier de l’Est de la ville. Par la suite, cette ville fut la cible d’une seconde attaque lancée par les mogols et Neyshâbour repris son ancien nom), ce célèbre poète fut surnommé " Attâr " (parfumeur) en raison du métier qu’il exerçait et qu’il avait appris de son père. Cela l’amena à acquérir une certaine connaissance en plantes médicinales. Durant la rédaction de ses premiers écrits philosophiques, il continua à soigner les malades. On retrouve aujourd’hui dans ses poèmes la trace de ce savoir faire ; mais nul n’a jamais vraiment su par qui et comment Attâr avait appris la médecine douce. Toujours en nous rapportant à ses écrits, on se rend compte que c’est durant cette même époque que les braises de la révolution intérieure du poète s’enflammèrent, car ses écrits dits révolutionnaires datent de la même période. Donc, la célèbre légende sur la grande révolution de Attâr serait fausse, si on suit cette hypothèse. En lisant Mossibatnâmeh ou Ellâhinâmeh, on constate clairement que c’est en mettant de côté l’aspect matériel de son métier qu’Attâr a découvert les secrets de la nature et qu’il a accédé au rang de mystique.
La diversité de la pensée de Attâr dans le domaine du mysticisme montre qu’il a eu dès son plus jeune âge, une haute connaissance des sciences naturelles et semble s’en être servi toute sa vie. Et ce ne sont point les écrits de Djâmi qui, dans son Nafahâtol-Onss, qualifie Attâr d’"oweyssi " (chez les sophistes, se dit de quelqu’un qui hérite de la spiritualité du vénéré prophète et qui ainsi passe toutes les étapes et atteint l’apogée du mysticisme), qui lèvent le doute sur certaines questions. Les œuvres de Attâr constituent à elles seules le témoignage des connaissances et du savoir-faire immenses du poète.
" La pensée de Attâr et la manière dont il réfléchit sont purement philosophiques, sans pour autant imiter Platon", souligne un chercheur minutieux avant de préciser :" Bien que sa pensée soit avant tout philosophique, Attâr traite des questions philosophiques profondes avant tout selon le point de vue d’un poète et d’un homme de lettre".
Attâr est un poète philosophe et un mystique. Hormis son écriture lyrique, il traite en douceur et en artiste les questions philosophiques.
Attâr est sans l’ombre d’un doute l’un des meilleurs représentants de la parole philosophique et mystique iranienne après l’Islam d’une part, mais il est aussi celui dont les travaux reflètent tel un miroir le goût et la littérature persane. Beaucoup de récits existent à son sujet. Ainsi, on raconte notamment que lorsque Attâr eut atteint un certain âge, Bahâeddin Mohammad, le père de Djallâleddin Mohammad plus connu sous le nom de Molâvi, se rendit en Irak accompagné de son fils. Sur la route, une fois arrivé à Neyshâbour, il se alla chez Attâr qui remit au jeune Djallâleddin un exemplaire de son Asrârnâmeh (Le livre des secrets).
Attâr était un homme très actif, mais malgré sa grande occupation aussi bien lorsqu’il exerçait son métier de parfumeur tout comme les moments où il se retirait pour ses méditations, il aimait écrire et composer des vers.
S’il est vrai que dans ses écrits, Attâr s’inspire de la pensée philosophique, sa poésie est tout ce qu’il y a de plus persan et ne reflète en rien une pensée étrangère.
Parmi ses plus célèbres travaux on peut nommer : Elâhinâmeh, Asrârnâmeh, Djavâhernâmeh, Khosrownâmeh, Mossibatnâmeh, Mantegh’ot -Teyr (le langage des oiseaux, qui fut traduit dans de nombreuses langues et notamment en français), les recueils de Ghazâls, Mokhtârnâmeh et bien d’autres.